
Le mouvement ouvrier révolutionnaire
On a souvent tendance à considérer les événements historiques à la lumière des événements ultérieurs et à négliger le lent processus de maturation des idées en nous laissant parfois abuser par les mots qui ont changé de sens au cours de l'histoire (Marx et Bakounine ne se considèrent pas comme "de gauche", le terme est réservé à la bourgeoisie républicaine).
Le mouvement ouvrier révolutionnaire se structure lentement, tant sur le plan idéologique que sur les aspects pratiques (organisations politiques, syndicats), d'autant plus lentement que les gouvernements font de leur mieux pour l'en empêcher (censure, répression, campagnes de dénigrement dans la presse)....
Les modes d'action diffèrent selon le contexte politico-économique et l'efficacité constatée. De nombreuses figures du mouvement ont évolué au cours de leur vie militante, passant d'une doctrine à une autre au vu des événements, des théories qui s'affinent et du résultat des actions précédentes.
Il ne faut pas imaginer non plus une stricte séparation idéologique entre les différents courants marxistes et anarchistes. Dès l'origine, une bonne partie des militants hésite, considère que les désaccords sont secondaires, participe à des actions menées par des organisations alliées.
De nombreuses actions sont menées à l'initiative d'individus isolés où de très petits groupes. Jamais les internationalistes n'ont eu les moyens de mettre en oeuvre le complot mondial centralisé dont rêvaient Bakounine et Blanqui.
Enfin, les luttes du mouvement ouvrier révolutionnaire s'entremêlent avec d'autres luttes sans pour autant se confondre avec elles (affaire Dreyfus, féminisme, anti-colonialisme, anti-fascisme...). Je ne souhaite pas entrer dans des querelles de chapelles sur le sens précis à donner aux événements, ni sur les nuances entre les différents courants.




Les chants de la révolution française évoquent la lutte contre la noblesse, le roi et parfois le clergé réactionnaire. Le tiers état comprend, indistinctement les paysans, les ouvriers et artisans ainsi que la bourgeoisie. On a d’ailleurs écrit que la révolution française était une révolution bourgeoise, ce qui est sans doute réducteur, mais il n’en demeure pas moins que c’est cette dernière catégorie qui a en a récolté l’essentiel des fruits.
La révolution industrielle qui démarre lentement en France, voit ensuite le développement des usines, des mines, et autres lieux de travail. Les patrons capitalistes qui ne cessent de s’enrichir, emploient une main d’oeuvre ouvrière de plus en plus nombreuse, habitant les mêmes faubourgs des villes qui ne cessent de grossir. Au sein de cette nouvelle catégorie sociale pauvre, déracinée, concentrée géographiquement, une conscience de classe apparaît peu à peu, les contours de cette classe évoluent avec le temps (faut-il y inclure les boutiquiers et les paysans ?)
Parallèlement, mais en lien étroit, divers philosophes politiques développent des théories ou font des propositions d’organisations sociales alternatives à la société d’ancien régime et au capitalisme bourgeois consacré par la révolution française. Saint-Simon, Fourier, Proudhon, Tristan Flora, Blanqui, Marx, Bakounine en sont les représentants les plus connus, mais sont loin d’être les seul.e.s.
A partir de 1846, les tensions politiques croissent en France du fait d’une situation économique difficile. Le 23 février 1848, une insurrection éclate à Paris. En une journée, 1500 barricades sont édifiées dans la capitale. Tous les partis républicains combattent côte à côte, depuis la bourgeoisie jusqu’aux différentes tendances socialistes. Un gouvernement provisoire bourgeois autodésigné proclame la seconde république et organise des élections.
Au mois de juin, le peuple se révolte de nouveau et le gouvernement bourgeois confie la répression au général Cavaignac, faisant 1600 morts. Les bourgeois peuvent certes être des alliés temporaires face à "la réaction" monarchiste, mais leurs intérêts de classe ne sont clairement pas les mêmes que ceux des ouvriers et ils sont prêts à les défendre avec brutalité. La force sera nécessaire pour établir la "République Rouge", la "République Sociale", la "Sociale". La révolution française est considérée par beaucoup comme inachevée. Il s'agit de la poursuivre.
En 1851, Napoléon III fait un coup d’état et proclame le second empire. Les libertés collectives et individuelles sont considérablement réduites tandis que la révolution industrielle explose, et avec elle les inégalités. Le pays se couvre d'usines, de mines, de voies ferrées, cependant qu'une grande partie du peuple reste misérable : l'un des hauts fonctionnaires favoris de Napoléon III, le baron Hausman note que plus de la moitié des Parisiens vivent dans une « pauvreté voisine de l'indigence, même s'ils travaillent onze heures par jour ».
1. NAISSANCE D'UNE CONSCIENCE DE CLASSE 1793-1870
1864 voit la naissance de la première Association Internationale des Travailleurs, plus couramment dénommée «l’Internationale » : des leaders syndicalistes et théoriciens socialistes essaient de se retrouver par delà les frontières. Il s’agit d’un événement fondateur, qui marque l’émergence d’une nouvelle vision du monde selon laquelle l’antagonisme principal ne se situe pas entre les nations, mais entre les classes sociales. Chacun s'accorde sur l'idée d'une "République Sociale", dans laquelle le pouvoir reviendrait au producteur, et non plus au possédant.
Dès 1869 apparaissent des dissensions au sein de l’Internationale Ouvrière entre Marx et Bakounine sur la question de l’autoritarisme. L’autorité est nécessaire selon le premier à l’établissement de la société nouvelle, une fois la révolution accomplie, fondamentalement nocive selon le second, pour qui il faut mettre en place des organisations non autoritaires, c’est à dire partant de la base, ces organisations étant reliées entre elles de manière horizontale par le « fédéralisme libertaire ». Bakounine considère que la dictature provisoire que Marx veut mettre en place le temps de transformer la société restera une dictature dont il sera difficile de se débarrasser et que c'est le pouvoir lui-même qu'il faut abattre.
1841 : interdiction de travail pour les enfants de moins de 8 ans
Plus d'infos sur le mouvement ouvrier international :








Bien qu’elle ne dure que quelques semaines, la Commune de Paris a une influence politique et sociale considérable, du fait des lois sociales décrétées par les insurgés (éducation gratuite pour les enfants des deux sexes, limitation du travail de nuit pour les femmes, encadrement des loyers…) et qui toutes seront reprises ultérieurement par les gouvernements de la République Française.
L’autre aspect essentiel a été la brutalité de la répression de la semaine sanglante, laquelle fait entre huit et trente cinq mille victimes selon les historiens et qui traumatise la classe ouvrière pour des années.
En 1870, le second empire est de plus en plus contesté. Napoléon III déclare la guerre à la Prusse pour redorer son image. La victoire semble facile, mais la guerre tourne en catastrophe pour l’armée française, qui mange gros.
2. LA COMMUNE DE PARIS (1871)
La tension monte encore à partir de l'automne 1970. Paris est assiégé par 'armée prussienne, les parisiens constituent une garde nationale pour renforcer les troupes régulières et la population connait la famine. Paris subit un siège hivernal terrible, tandis que le gouvernement français négocie la paix.
Malgré les batailles perdues, la France a les moyens de poursuivre la guerre avec des chances sérieuses de l’emporter sur la Prusse, mais les classes dominantes craignent davantage le peuple de Paris en armes que la perte de l’Alsace-Lorraine. Il s’agit pour les démocrates républicains de conserver le pouvoir en s’alliant avec la noblesse et le clergé qui contrôlent encore la paysannerie, largement majoritaire dans le pays.
Le gouvernement de Thiers négocie avec les Prussiens avec en jeu l'Alsace et la Lorraine, rendant la résistance héroïque des Parisien.ne.s complètement inutile.
La ville est enfin ravitaillée, mais la population aura souffert en vain. La bourgeoisie est plus que jamais perçue comme lâche et traitre.
Suite à une intervention militaire qui tourne mal, le comité de la garde nationale prend le pouvoir à Paris et organise des élections. Le Conseil de la Commune regroupe une soixantaine de personnes. On y retrouve toutes les tendances républicaines et socialistes de l’époque. Les majoritaires sont les jacobins, les blanquistes et les indépendants, pour qui la politique prime sur les réformes sociales. Les minoritaires sont des radicaux et les internationalistes, pour qui les réformes sociales sont primordiales.
Au delà de l’action sociale et militaire du comité, la Commune représente un immense espoir pour le peuple parisien et un formidable espace de débats concernant les revendications sociales et leur mise en œuvre. On y échange au sein de nombreuses assemblées et une quinzaine de journaux voient le jour en quelques semaines, dès que l'expression est libre le peuple s'exprime. En face, la propagande gouvernementale très violente, est relayée par les prêches catholiques. Thiers refuse toute négociation. Une centaine de prêtres pris en otages par les communards sont exécutés où massacrés (les circonstances exactes sont encore discutées), ce qui accroît encore la haine mutuelle
Au mois de mai, après une préparation d'artillerie, l'armée gouvernementale massée à Versailles donne bientôt l’assaut, parvient à rentrer dans Paris et s'attaque aux barricades érigées par les Communards. Les Prussiens refusent de prendre part au combat, se contentant des bloquer les insurgés à l’intérieur des lignes de fortifications.
La place des femmes dans la Commune
Jamais les femmes ne s'étaient impliquées à ce point dans une insurrection. Elles ont été très nombreuses le 18 mars à monter à la butte Montmartre pour empêcher les soldats de s'emparer des canons parisiens, événement qui déclenche l'insurrection. Par la suite, elles prennent une part importante aux débats. Elles créent notamment l'union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés et 4 à 500 d'entre elles prennent les armes.
Les Communards, armés et retranchés, mais manquant de munitions, mal organisés, divisés sur le plan de la stratégie militaire et bloqués à l’est par l’armée allemande, font face à l’armée française chauffée par la propagande de l’État. Ils se battent avec acharnement, mais leur résistance ne dure que quelques jours. Les derniers combats et la répression qui suit sont sans pitié.
La « semaine sanglante » est le nom donnée à la fin des combats de la commune et aux exécutions sommaires qui ont suivi. Les historiens estiment le nombre de victimes entre dix et trente-cinq mille en cinq jours.
En 1872, suite à l’échec de l’insurrection, les dissensions grandissent au sein de l’Association Internationale des Travailleurs.
Chacun est d'avis qu'il faut absolument étendre et consolider le mouvement internationaliste, avant d'envisager la révolution.
Selon Marx, chaque membre du mouvement devrait interférer autant que possible dans les affaires publiques, ne serait-ce que pour diffuser le message révolutionnaire et peser sur le système politico-économique. Il faut donc présenter le plus de candidats possible à toutes les élections.
Bakounine considère que la situation prouve au contraire qu’il est absolument exclu de tenter d’entrer en politique d’une quelconque manière, sous peine d’être nécessairement corrompu en collaborant si peu que ce fut à la démocratie parlementaire et qu’il faut donc abattre la société bourgeoise de l’extérieur.
Les Blanquistes se rallient à Marx. Bakounine est exclu par le congrès de la Haye. Il crée alors avec dix camarades libertaires, l'Internationale Antiautoritaire et la Fédération Jurassienne à Saint Imier. Le Jura Suisse deviendra un lieu de rencontre et d’expérimentation pour le tout jeune mouvement qui va bientôt prendre le nom d’anarchisme en référence à Proudhon, premier à revendiquer ce terme. Les théoriciens et activistes y partagent le quotidien des ouvriers et les échanges sont féconds.








3. DEUIL ET SUBVERSION (1871-1890)
Si la répression qui suit la Commune affaiblit le mouvement ouvrier en France, elle a pour effet d’en intensifier la solidarité internationale. De nombreux communards parviennent à quitter Paris malgré la traque policière. Ils bénéficient de réseaux et trouvent asile à l’étranger où ils poursuivent leurs activités en lien avec les camarades locaux de l’internationale ouvrière ou de la Franc-Maçonnerie. Il ne s’agit plus de déclencher la révolution mais d’en créer les conditions en mettant en œuvre une propagande efficace, c’est à dire à la fois d’entretenir la flamme révolutionnaire chez les ouvriers et d’étendre la révolte à de nouvelles catégories sociales. Les communards en question se qualifient de « résurrectionnistes ».
Le mouvement internationaliste se développe dans le monde. La répression qui se poursuit en France et l'interdiction des manifestations et des syndicats, c'est à dire de toute forme de protestation entraîne chez certains un désir de vengeance. Des organisations clandestines ou des individus pratiquent le sabotage sur les lieux de travail, la presse parait de façon clandestine. En 1876, des députés socialistes font leur apparition à l'assemblée nationale. Le gouvernement s'inquiète et décrète l'amnistie des femmes de la commune en 1878 puis celle des hommes en 1880, espérant apaiser les tensions. Les communards exilés ou déportés peuvent rentrer en France. Nombre d'entre eux reprennent une activité militante, qu'ils n'ont pour beaucoup jamais arrêté complètement.
La misère reste grande, les crises économiques se succèdent à un rythme effréné, la faim n'est pas rare et les mouvements sociaux sont nombreux,malgré la répression.
1874 : loi sur le travail des enfants, et des filles mineures dans l’industrie
1884 : vote de la loi Waldeck-Rousseau autorisant les syndicats professionnels
1881-82 : école gratuite et obligatoire pour tous les enfants
Les ouvriers s’organisent dans le monde entier, en utilisant tous les moyens à leur disposition, légaux ou non. La gauche internationaliste est à l'origine des premières organisations ouvrières. Jusqu’à la révolution russe, les anarchistes y auront davantage d’influence que les marxistes. En 1883, Jules Guesde fonde le Parti Ouvrier qui adhère à l'Internationale marxiste. La presse libertaire publie de nombreuses chansons.
La révolution industrielle bat son plein, mines et usines absorbent toute la main d’oeuvre disponible, mais les ouvriers travaillent dans des conditions extrêmement dures et s’entassent dans les faubourgs des villes où ils vivent dans la misère : il faut produire à bas prix pour financer la course aux colonies que se livrent les nations européennes et pour forger des armes en vue de la prochaine guerre.


Malatesta anarchiste italien, théoricien et activiste, propose et expérimente la propagande par le fait dès 1876 : « la guerre continuelle aux institutions établies, voilà ce que nous appelons la révolution en permanence ! ». Il s’agit d’une stratégie d’action politique qui consiste à sortir de l’action légale inefficace pour « passer d’une période d’affirmation à une période d’action ». La révolte permanente permet de développer la prise de conscience du peuple en frappant les esprits par divers moyens, non nécessairement violents mais spectaculaires.
Le 13 mai 1881, Louise Michel déclare au groupe révolutionnaire du 18e arrondissement de Paris : « Mais regardez donc ce qui se passe en Russie ; regardez le grand parti nihiliste, voyez ses membres qui savent si hardiment et si glorieusement mourir ! Que ne faites-vous comme eux ? Manque-t-il donc de pioches pour creuser des souterrains, de dynamite pour faire sauter Paris, de pétrole pour tout incendier ? »
Cette nouvelle stratégie est adoptée le 14 juillet 1881 au Congrès International Anarchiste de Londres. La plupart des actions ne font pas de victimes, mais les atrocités de la semaine sanglante et la répression des mouvements pacifiques justifient pour certains l’emploi de n’importe quel moyen, pourvu que les cibles fassent partie des ennemis du peuple.
1893 : loi concernant l'hygiène et la sécurité des travailleurs dans les établissements industriels
4. LES ATTENTATS (1891-1995)
Certains anarchistes vont pratiquer le terrorisme, soit sous forme d’assassinats ciblés, soit en déposant des bombes. En France, le personnage emblématique des poseurs de bombes est Ravachol.
La propagande par le fait et plus particulièrement sa variante terroriste, caractérise souvent le mouvement anarchiste aux yeux du grand public, la presse bourgeoise ayant fait la part belle à ce mode d’action afin de déconsidérer cette idéologie dans son ensemble. Parallèlement, une littérature se développe autour de l’image du révolutionnaire romantique. Face à la propagande par le fait, les polices de nombreux pays entreprennent de collaborer pour lutter contre le complot anarchiste mondial. Cette coopération deviendra Interpol.
1894 : loi sur les retraites ouvrières et les caisses maladie des mineurs
L’abandon de la propagande par le fait n’est pas immédiat, mais force est de constater que la répression finit par avoir raison d’elle, d'autant plus que plusieurs leaders du mouvement, dont certains en avaient fait la promotion, ont estimé avant les lois scélérates que cette stratégie était vouée à l'échec.
Bien que cette stratégie soit employée de façon spectaculaire un peu partout dans le monde (le président français Sadi Carnot, celui des Etats-Unis William Mc Kinsey, l’impératrice d’Autriche Sissi sont les victimes les plus notoires), le recours à l’assassinat reste marginal au sein du mouvement qui compte des milliers de membres partout dans le monde, les anti-autoritaires étant beaucoup plus nombreux que les autoritaires au sein du mouvement internationaliste de l'époque.
Les "lois scélérates"
En France, le parlement vote en 1893 et 1894 trois lois réprimant les "opinions anti-autoritaires". Connues sous le nom de « lois scélérates », elles constituent la dernière forme de censure légale et de répression à large échelle visant explicitement une opinion politique en France et sont, de ce fait, controversées dès leur origine. Elles sont abrogées officiellement en 1992.
Leur objectif déclaré est la sauvegarde de « la cause de l’ordre et celle des libertés publiques ». Elles permettent l’arrestation préventive de ceux qui se livrent à de la propagande indirecte et l’inculpation de tout membre ou sympathisant d’un groupe « antiautoritaire ». De nombreux journaux sont interdits, des milliers de perquisitions et d'arrestations débouchent, notamment sur le Procès des Trente.
Le premier mai 1891, à Fourmis dans le Nord de la France, la troupe tire sur une manifestation qui se voulait festive pour revendiquer la journée de huit heures. Le bilan est de neuf morts, dont deux enfants, et de trente-cinq blessés en quarante-cinq secondes. Bien que les forces de l’ordre soient mises en cause, neuf manifestants sont condamnés pour entrave à la liberté de travail, outrage et violence à agent, rébellion, à des peines de prison de deux à quatre mois ferme.
L’émotion est considérable et l'évènement suscite des appels à la vengeance




Les mouvements ouvriers révolutionnaires se structurent, tant sur le plan de la pensée politique que des organisations.
Les revendications et les luttes sociales restent importantes et souvent violentes, car la Belle Epoque n’est pas belle pour tous. Les Internationalistes débattent et réfléchissent au meilleur système socio-économique possible et aux stratégies révolutionnaires.
Divers courants socialistes apparaissent (communisme de conseil…). L’anarchisme individualiste se développe. Par ailleurs, le mouvement internationaliste s’installe dans certaines campagnes européennes.
En France, la CGT nait en 1895 de la fusion de deux fédérations syndicales. Les libertaires, entravés par la censure investissent massivement les syndicats et l’on a pu parler d’anarcho-syndicalisme. Jean Jaurès crée la SFIO en 1905, avec l’ambition de réunir tous les mouvements socialistes français. Bien évidemment certains refusent l’union.
La notion de gauche, telle que nous l’entendons actuellement apparaît avec l’affaire Dreyfus : pour la première fois depuis 5 ans, la gauche bourgeoise et les socialistes révolutionnaire s’unissent pour défendre l’officier juif injustement accusé.
5. DIVERSIFICATION DES MOUVEMENTS INTERNATIONALISTES 1894-1917
Afin de contourner la censure, les sympathisants anarchistes utilisent plus encore que par le passé, le média de la chanson, car il reste possible, lors d’un récital dans une goguette ou un cabaret de transmettre des messages, sous un prétexte artistique. Nombre de chansons de cette époque, sans doute en réaction aux actes terroristes, évoquent la société idéale, pour laquelle se battent les internationalistes.
On constate également une plus grande diversité des thèmes abordés. Il ne s'agit plus seulement d'en finir avec les inégalités professionnelles ou politiques. Il est question d'écologie, de sexualité, d'éducation. Les Internationalistes sont parmi les premiers à aborder ces sujets.
Les chansonniers de l'époque sont de plus en plus souvent des professionnels qui interprètent eux-mêmes leurs œuvres.
L’utopie libertaire
La période est marquée par la montée des tensions et la préparation de la guerre contre l'Allemagne, à laquelle les Internationalistes s'opposent résolument. L'on pressent que le massacre sera particulièrement terrible.
Par ailleurs, l'armée est détestée, car fréquemment utilisée dans le cadre du maintien de l'ordre.